"Les ménages épargnent désormais pour leur retraite"

30/11/2010 - L'Express

Propos recueillis par Alexia Eychenne

Boom de l'assurance-vie et de l'épargne retraite, déclin du PEL et des placements à risque... l'Insee publie un nouveau panorama du patrimoine des ménages. Les explications de Robert Marti, associé aux Cahiers de l'épargne.

L'étude publiée ce mardi par l'Insee confirme la désaffection des ménages pour le plan épargne logement (PEL), comment l'expliquez-vous ?

Son recul massif tient aux réformes de sa fiscalité, à une période où toute une vieille génération de PEL très avantageux était arrivée à son terme. Le taux de détention des plans épargne logement est passé de plus de 41% en 2004 à 31,2% en 2010. Les épargnants ont préféré les remplacer par des assurances-vie, le produit de gestion patrimoniale par excellence, avec une rémunération attrayante. A l'inverse du PEL, son taux de détention est de 41,9%, contre 35% il y a encore six ans. Sa part dans l'encours total des ménages a aussi augmenté.

En quoi l'assurance-vie répond t-elle aux attentes des épargnants ?

La problématique des retraites est devenue une préoccupation essentielle depuis quelques années. Des gens qui ont autour de 45 ans commencent à estimer assez précisément ce qu'ils toucheront et prennent conscience de la nécessité d'une épargne retraite. Or l'assurance-vie se situe parfaitement dans cette logique. 33% de ses détenteurs l'ont souscrit avec un objectif d'épargne retraite, surtout chez les 45-64 ans, alors que le motif traditionnel était de protéger ses proches. On estime qu'ils seront bientôt plus de 40% dans ce cas. Depuis 2006 et les départs en retraite massifs des baby-boomers, la population des épargnants a changé, ce qui modifie aussi la répartition des produits dont beaucoup obéissent à une logique d'âge. Une grande partie de l'épargne des ménages sera bientôt dédiée à la retraite même si les produits dédiés sont encore peu répandus.

Le PEL peut-il encore rebondir ?

Oui, et il l'a déjà fait en 2010 face à la baisse du taux du livret A. Tous les autres rendements ont baissé mais lui a conservé une rémunération supérieure à 3,5% avec la prime d'Etat. On a connu une hémorragie pendant cinq ans mais son encours va augmenter cette année. La réforme actuelle est aussi l'occasion pour les établissements financiers de relooker leurs produits pour convaincre les épargnants.

L'Insee révèle aussi une baisse de l'attractivité des placements à risque.

Cela s'explique par le fait que les ménages ont connu deux krachs en moins de dix ans, et parce que l'économie n'est toujours pas sortie de la crise. Le CAC 40 est toujours en baisse depuis le début de l'année et en 2010, les rendements auront été nuls ou négatifs. L'assurance-vie en unités de compte se maintient seulement parce qu'elle contient des obligations et de l'immobilier en plus des actions.

La répartition actuelle entre les différents produits peut-elle évoluer à court terme ?

A l'horizon d'un an, on s'attent à garder ce type d'équilibre, avec un intérêt marqué pour les produits bloqués à moyen terme comme l'assurance-vie ou le PEL. Des placements plus liquides comme les livrets défiscalisés vont aussi se maintenir mais les produits titres seront toujours atones, à l'exception de l'épargne salariale qui est aussi une façon de protéger ses placements.

L'Express